Vélo Club Massy Palaiseau
Activité d'un groupe de vélo
Rendez vous "Sortie groupe" : Parking Recyclerie Sportive de Massy.

Accueil du site > Evénements passés et histoire du club > Compte-rendu de sorties club > Le Tour d’Auvergne Solitaire par Philippe

Le Tour d’Auvergne Solitaire par Philippe

mardi 13 décembre 2016, par Fred

Chaque année, Philippe Delmas entreprend de faire le Tour de l’ Auvergne , en solitaire et en 5 étapes, afin de (re) découvrir toutes les beautés de sa région de coeur. Voici un compte rendu très détaillé de son périple de l’été 2016 !

Pour ceux qui ne connaitraient pas encore le TAS, voici quelques mots sur le sujet. Le Tour d’Auvergne en Solitaire est une épreuve cycliste qui consiste a faire un Tour de l’Auvergne, seul, en cinq jours. Les parcours varient d’une année à l’autre. Le départ du TAS a toujours lieu a Clermont, près de la maison des sports, rue Sully. Ensuite chaque soir, une chambre est réservée le plus souvent dans un hôtel dans la ville qui accueille le TAS. Laveissière près de Murat dans le Cantal et Langogne en Lozère sont dites des villes étape pilier du TAS, car le TAS s’y arrête chaque année. Laveissiere est une ville étape pilier parce que très bien située au pied du Lioran, du Plomb du Cantal et du Puy Mary mais aussi parce que dans ce village est établi l’hôtel Le Bellevue qui réserve le meilleur accueil au sportifs outdoor : randonneurs, skieurs, cyclistes et autres amoureux de la Nature chevelus ou non et aussi aux amateurs de bons plats culinaires d’Auvergne. Pas de voiture suiveuse pour le TAS, il faut donc porter son sac a dos. Raison pour laquelle a mon avis, peu de candidat au départ du TAS. Le sac a dos pèse moins de 7 kg ; il contient :
  Quelques outils et pièces de rechange,
  Trousse de toilette,
  Habits de cycliste,
  Habits de ville, a bi cyclette oui mais … présentable a table le soir au restaurant. Précision supplémentaire en ce qui concerne les contours de l’Auvergne. Ils ont été redéfinis par l’organisation du TAS. L’Auvergne comprend désormais 6 départements : le PuyDeDome (63), le Cantal (15), l’Aveyron (12), l’Ardèche (07) , la Lozère (48), la HauteLoire (43). En d’autres termes, l’Auvergne correspond aux anciennes provinces : Auvergne, Aubrac, Rouergue, Carladez, les Causses, Cévennes, Gévaudan, Margeride, Velay et Haute Vallée de l’Allier. Pour faire simple, l’Auvergne s’étend de Clermont a Montpellier et d’Aurillac a Aubenas et couvre la region géographique appelée : le Massif Central. Pour information : le rattachement de la Corrèze et de la Creuse a l’Auvergne est en cours de discussion.

Venons-en maintenant a la VIII ième édition du TAS aussi appelée le TAS2016.

TAS Etape 1 : Clermont-Laveissiere (15). 189 km, 3860 D+

Tout commence rue Sully à Clermont, Dimanche 28 Aout a 8h, sans tambour ni trompette, juste ma mère et un voisin nonagénaire pas indifférent a ce qui se passe dans la rue. Le TAS quitte Clermont par l’Ouest, la Chaines des Puys autrement dit les volcans d’Auvergne avant de fixer le cap vers le Sud, le point cardinal majeur sur ma boussole. Ce petit détour permet d’éviter la circulation agitée des zones urbaines de la plaine. Le Parcours du TAS est vert et convivial et pour satisfaire cette règle, je ne suis pas à un détour près.

Avant de rejoindre le Massif du Sancy, le TAS traverse Saint Saturnin, une jolie petite ville célèbre pour son château et son église romane parmi les cinq plus belles de l’art roman auvergnat :

Puis le TAS prend la direction du Sancy, traverse le plateau du Cézallier pour finalement atteindre Murat puis Laveissiere dans le Cantal, pays du fromages, des tripoux, des Salers et des Cantaloos.

Mais avant de rejoindre l’hôtel du Bellevue à Laveissiere, en option est prévue l’ascension du Pas de Peyrol, le col du Puy Mary. Dans cette première étape le Puy Mary (1 783 mètres d’altitude) est le site le plus célèbre, il a été classé Grand site de France en décembre 2012. Le Pas de Peyrol est le col qui permet de franchir le massif du Puy Mary sur l’axe Clermont-Aurillac.

On connait un peu moins le Cézalier, un vaste plateau a 1000 m d’altitude compris entre le Massif du Sancy (63) et le Puy Mary (15). Un plateau dénudé, une lande, exposé au soleil comme aux mauvaises conditions climatiques (vent, neige, …) comme ce fut le cas pour le CAC2013. Des routes étroites, désertes, légèrement sinueuses serpentent entre les prairies. C’est le territoire des vaches Salers. Par beau temps tout est calme, paisible, hospitalier. On peut voir en bordure de route des belettes, qui intriguées par le passage d’un cycliste, curieuses se plantent sur leurs 2 pattes arrières avant de replonger dans un terrier. D’autre fois, ce sont les fouines qui se poursuivent sur la route a quelques mètres devant ma roue. Portés par les courants chauds et la tête scrutant le sol, les rapaces se croisent dans les airs, ils sifflent pour attirer l’attention de leur proie au sol. .

Regret : La boulangerie pâtisserie d’Allanche est fermée le Dimanche après-midi. Cette année, j’ai donc été privé de ces pâtisseries aux formes généreuses, composées des bons produits du Cantal et réalisées avec un savoir transmis de génération en génération.

TAS Etape 2 : Laveissiere (15)-Conques (12). 147 km, 2730 m D+

A 9h, petit déjeuner terminé, le Bellevue se vide. Les Randonneurs et Luc vont rejoindre les sentiers du Massif du Puy Mary tandis que je prends la direction de Conques en Aveyron. Le TAS emprunte une petite route forestière a la sortie de Laveissiere pour rejoindre la station de ski du Lioran. Le problème avec ces petites routes, c’est qu’on ne sait jamais a quel dénivelé on va faire face, le plus souvent il s’agit d’anciens chemins d’estive, qui n’ont fait l’objet d’aucune étude des Ponts et Chaussées et qui ont été juste recouverts de macadam. Enfin, on n’y est pas dérangé par les voitures. A la Station du Lioran, une route très passagère descend en direction d’Aurillac par le Val de Cère. Trois kilomètres plus bas, à St Julien des Blas, je m’empresse de quitter ce boulevard pour retrouver le charme de la petite route qui mène au col du Perthus (Catégorie II, emprunté par le TDF2016) puis a Mandaille dans la vallée de Jordanne, au Pied du versant sud du Puy Mary. A Mandaille, pour la tradition et pour le plaisir, je m arrête dans l’unique boulangerie, épicerie mais aussi point vert du Crédit Agricole pour savourer le MilleFeuille, spécialité de la maison. Une fois de plus, dans le Cantal, les portions sont généreuses ; les rations mesquines des tables parisiennes, on ne connait pas ici. De Mandaille a Aurillac, la route des Crêtes offre de magnifiques vues sur la vallée de la Jordane.

A Aurillac, le TAS prend la direction d’Entraygues sur Truyère point de confluence entre la Truyère et le Lot. Entraygues, Estaing et Espalion sont les trois belles villes aveyronnaises plantées sur la rive droite du Lot.

Encore quelques montagnes à franchir avant d’arriver, a la tombée de la nuit, à Conques.

Ville Médiévale restaurée par Mérimée au XIX siècle. Basilique de Ste Foi, étape importante du pèlerinage de St Jacques de Compostelle. Je suis accueilli au Monastère tenu par l’ordre des Prémontrés. Table conviviale, rencontres enrichissantes, bonnes discussions.

Et puis le clou de la soirée, un moine qui commente avec humour, fantaisie et imagination le tympan du Jugement dernier sur la façade de la basilique. Les pèlerins de Saint Jacques mais aussi les touristes se rassemblent sur le parvis pour l’écouter, tous les soirs.

Une fois la conférence terminée, le moine va s’installer à l’orgue pour jouer du Classique, du Jazz et de la musique populaire. Pendant ce temps, chacun est libre de circuler dans la basilique, déambuler dans les bas cotés, le triforium, apprécier les vitraux de Pierre Soulage tout en écoutant une fugue, une improvisation de jazz ou les portes du pénitencier.

Regret : Cette année le TAS de ne traverse pas l’Aubrac.

TAS Etape 3 : Conques (12)-LaCavalerie (12). 164 km, 3223 m D+

Le TAS grimpe sur le plateau au dessus de Conque pour plonger 20 km plus loin dans la vallée du Lot. Sur la route je découvre d’abord Estaing puis Espalion quelques kilomètres plus loin en longeant le Lot.

Parmi les trois villes aveyronnaises sur les rives du Lot : Entraygue, Estaing et Espalion, le TAS a jeté son dévolu sur Estaing, une petite ville plein de charme construite autour de son château et desservie par un pont gothique au dessus du Lot.

En remontant le Lot, qui est rebaptisé l’Olt (avant de retrouvé son nom quelques kilomètres plus loin), trois petites villes caractéristiques de la région : Saint Come d’Olt, Saint Eulalie d’Olt et Saint Gêniez d’Olt. Parmi les particularités, le cloché flammé de Saint Come d’Olt et des toits de lauzes recouvrent toutes les maisons.

Changement de décor, le TAS quitte les zones humides le long du Lot pour rejoindre les Causses, région calcaire, sèche et souvent désertique. Un environnement que je connais bien et que j’affectionne plus particulièrement pour son relief, son climat, sa végétation... Premier Causse rencontré, celui de Séverac, traversé par l’autoroute des vacances l’A75 qui va de Clermont a Montpellier/Bézier. Il est délimité a l’est par les gorges du Tarn, que j’atteins en empruntant de petites routes en dessous du Massegros. Je retrouve ensuite le Rozier où la Jonte se jette dans le Tarn et enfin Peyreleau, très joli village dans la vallée de la Jonte au pied du Causse Noir. Ascension puis traversée du Causse Noir pour rejoindre La Roque Sainte Marguerite dans la vallée de la Dourbie. Je descends un peu la vallée de la Dourbie en direction de Millau pour retrouvée la petite route de Pierrefiche qui monte sur la Larzac. C’est la première fois que j’emprunte cette route et c’est encore une belle découverte. Etroite, sinueuse, de la pente, bordée de rochers calcaires, de petits chênes et de pins qui dégagent des parfums de résine, et tout cela dans la lumière d’un soleil de fin de journée, le bruit de l’air dans les feuilles sèches et des roues sur le gravillon de la route, seul dans la nature, accueillante. Encore une belle route pour les cyclistes qui veulent rouler au plus près de la nature.

Arrivé sur le causse du Larzac, trois paysans d’une époque révolue discutent au milieu de cette route étroite. On échange un peu sur le Larzac, sur José Bové et puis ils me confirment la route que je dois suivre pour rejoindre La Cavalerie ou ma chambre est réservée. Il ya peu de routes sur le Larzac, et il y a toujours le risque que la route choisie soit sans issue ou se termine en chemin de terre, et la fin du jour est trop proche pour se permettre une erreur. L’étape se termine avec la journée, je pédale sur le plateau desséché du Larzac éclairé par la chaude lumière du soleil couchant, sans effort je parcours encore quelques kilomètres pour rejoindre l’hôtel de la Poste a la Cavalerie.

L’hôtel est situé sur l’ancienne RN9, qui est devenue une rue agréable de La Cavalerie depuis la mise en circulation du pont de Millau. Bon accueil et bon diner a base de produits locaux. Dans la salle de restaurant, je ne côtoie plus les randonneurs, ni les pèlerins, mais quelques tatoués de la légion étrangère de retour d’un émirat et des militaires inspecteurs de militaires.

TAS étape 4 : La Cavalerie (12)-Langogne (48). 178 km, 3578 m D+

L’itinéraire de cette étape a été influencé par les 3 films ‘Profils Paysans » de Raymond Depardon dont voici un extrait : https://www.youtube.com/watch ?v=F_lOYENCh3w Ces films retracent la vie de paysans éleveurs des Cévennes, du Velay, de Bourgogne et de Haute Saône qui épargnés par l’exode rural, vivent en autarcie sur des petites exploitations, à l’écart de la société actuelle. Ils sont conscients que leur activité disparaitra avec eux, ça ne les empêche de poursuivre avec beaucoup de sérieux leur activité et en tirer de la fierté. Indifférents à l’agitation de la société, ils perpétuent en vain les traditions paysannes. Dans ces films, Raymond Depardon a plus particulièrement mis l’accent sur trois fermes près du Pont de Montvert dans les Cévennes. La caméra statique montre le quotidien bien réglé de ces paysans du lever au coucher de saison en saison dans le cadre des montagnes cévenoles.

Mon circuit commence par la jolie petite ville de Nant au pied du Larzac, plus particulièrement remarquable, sa halle de pierre qui abrite la terrasse d’un vieux café. C’est dans la revue le Cycle, que J’ai vu pour la première fois cette magnifique bastide.

Je poursuis la route dans la vallée de la Dourbie, je passe devant Cantobre, beau village médiéval construit sur un promontoire rocheux dominant la Dourbie.

Puis j’enjambe à nouveau le Causse Noir. A Meyrueis, je retrouve Jef le patron du bar qui ressemble à Marius de Pagnol, la belle boulangère aux yeux couleur pervenche mariée au frère de Jef puis la mère de la boulangère qui tient le magasin de produits régionaux. C’est notre 3 ieme rencontre cette année. Je refais le plein chez eux, dont un sandwich au jambon cru et fromage de brebis, avant de prendre la route du col du Perjuret. Au col se présentent les routes du Mont Aigoual et celle de Florac. Je prends la direction de Florac en longeant le Tarnon, affluent du Tarn. A Racoules, je quitte la route de Florac, et c’est l’aventure qui commence sur les chemins goudronnés des Cévennes. Sur 10 ou 20 km, je fais face à des raidillons, des murs, des raidards et pas de risque de se faire flasher au raidard ; je lâcherais bien du lest, mais je porte le minimum nécessaire dans mon sac à dos. J’atteins finalement la Barre des Cévennes avant de m’enfoncer encore davantage dans les montagnes boisées des Cévennes, toujours plus loin des villes, je circule dans un couloir étroit bordé de bois, le bleu du ciel perce à peine au travers du plafond végétal, j’ai dans la tête le violoncelle de l’Elégie de Gabriel Fauré (musique du film), et à travers ce corridor je m’achemine vers des grands espaces ouverts et sauvages où sont plantés les fermes visitées par Raymond Depardon. Finalement arrivé a un croisement je ne ferai pas le détour jusqu’à ces fermes, la route est dure et longue et je ne suis pas au bout de mes peines, je maintiens donc mon cap. Quand enfin, une fenêtre s’ouvre sur le Pont de Monvert. Village protestant établi sur le versant sud du Mont Lozère, le long du Tarn tout proche de sa source. Rassuré de me retrouver enfin sur un terrain connu, plusieurs fois traversé par les précédents TAS. Dans une petite boulangerie de la rive gauche du petit Tarn, les brownies aux Châtaignes satisfont les papilles et rechargent les batteries.

Ascension du col de Finiels, 15 km d’une belle pente régulière. Beaux points de vue sur les Cévennes et le massif du Mont Lozère. Le sommet est recouvert d’imposants blocs de Granit sur le versant sud, et de bruyère et d’épilobe sur le plateau ce qui donne des couleurs rosées au massif montagneux.

Au pied du versant nord du Mont Lozère, le Bleymard, traversé par le Lot qui prend sa source tout proche dans la Montagne du Goulet, que je gravis. 2 chevrons sur la carte Michelin jusqu’au village de Belvezet. Ensuite ce présente la forêt du Mercoire où le Chassezac et l’Allier prennent leur source. Je cite mes sources... Le Chassezac coule vers l’est et se jette dans l’Ardèche dans le département éponyme et l’Allier coule vers le nord et jette dans la Loire près de Nevers dans la Nièvre, mais ce n’est plus l’Auvergne. J’en profite pour remplir mes bidons a la source. Arrivé proche de Langogne, à une heure raisonnable, je prends le temps de discuter a Laubarnes avec quelques paysans et le maire de St flour du Mercoire. Ils se souviennent du Riquet, un cousin germain de ma mère, célèbre dans toute le Gévaudan pour ses prouesses sur les moissonneuses batteuses.

TAS étape 5 : Langogne (48) –Brioude (43). 152 km, 2075 m D+

Contrairement aux années précédentes, le TAS n’arrivera pas à Clermont en vélo mais en train. Fort des expériences des années précédentes, la dernière journée du TAS16 se déroulera uniquement dans les Montagnes de la Margeride et dans les Gorges de l’Allier et le TAS prendra le train a Brioude pour effectuer la traversée de la plaine de la Limagne jusqu’à Clermont. Le TAS commence par un tour du lac de Naussac, grand réservoir d’eau construit dans les années 70 pour réguler le cours de la Loire via son affluent l’Allier. Puis je retrouve l’Allier à une dizaine de kilomètre de sa source au pont de Jonchère posé entre la Lozère et la Haute Loire.

Pour la suite, il me suffira de suivre l’Allier jusqu’à Brioude. C’est aussi le trajet que prend la ligne du Cévenol, spectaculaire ligne de chemin de fer entre Clermont et Nîmes, constituées de nombreux tunnels et viaducs en pierre, c’est un très bon moyen pour découvrir les gorges sauvages de l’Allier.

Je retrouve encore quelques beaux sites naturels et villages. Saint illpize construit sur une cheminée volcanique.

Les paysages se composent le plus souvent de blocs de Granit parsemés de pins chétifs, aux formes asymétriques.

Tout en progressant vers l’aval, l’Allier s’assagit avant de retrouver la plaine de la Limagne.

Fin du TAS 16 devant la basilique romane de Saint Julien de Brioude. Puis pour se remettre dans le bain, premières difficultés à la gare. On m’informe que le train ne s’arrête pas à Brioude les mois en ‘r’, alors il me faut prendre un bus jusqu’à la prochaine gare et bien sur le chauffeur de ce bus me fait des difficultés pour ranger mon beau TIME dans son bus de m… (macron. Et réciproquement) Enfin à Arvant je peux m’installer confortablement avec mon vélo dans une Micheline de dernière génération, et regarder défiler les paysages derrières les grandes baies vitrées et repenser à mon voyage.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | Nombre de visites visites